
Le marché de la carte cadeau à Noël en France

Noël reste, sans surprise, le moment clé de l’année pour les cartes cadeaux. Les programmes de nombreuses marques enregistrent des volumes exceptionnels, confirmant que la carte cadeau demeure l’un des trois cadeaux préférés des Français. Elle n’est plus un produit d’appoint : c’est un levier structurant, à la fois transactionnel, marketing et relationnel.
Mais l’édition 2024 révèle une transformation silencieuse mais déterminante. Face à l’inflation, aux arbitrages budgétaires et à la montée des achats réfléchis, les comportements d’achat évoluent. Plus que jamais, la carte cadeau est choisie pour son équilibre entre plaisir et maîtrise des dépenses. De plus en plus de consommateurs l’adoptent comme un moyen d’offrir juste, sans dépasser leur budget. Dans ce contexte, les marques n’ont plus le luxe de piloter ce levier à l’instinct : il devient impératif d’adopter une approche plus fine, plus segmentée, et profondément orientée performance.
Quel est le bilan du e-commerce et du retail français à Noël 2024 ?
En 2024, les Français ont dépensé en moyenne 414 € pour leurs cadeaux de Noël, en légère baisse de 12 € par rapport à 2023, tout en conservant une moyenne stable de 7 cadeaux chacun. Le bilan global reste contrasté : malgré un contexte économique encore tendu, les intentions d’achat ont progressé, traduisant un optimisme grandissant .
Face à l’inflation, les comportements d’achat se structurent davantage. Les consommateurs anticipent significativement : environ 75 % ont prévu leurs achats à l’avance, avec une part notable basée sur le Black Friday. Ce phénomène est marqué par une omniprésence du e‑commerce, puisque 79 % des Français ont prévu d'acheter en ligne pour Noël. Toutefois, l’engouement pour le digital ne s’exclut pas du physique : 82 % ont au moins planifié un passage en magasin, soulignant la persistance de la fréquentation en point de vente. Le rôle du prix reste central pour près de 39 % des acheteurs, tandis que la comparaison des prix demeure un réflexe systématique .
Amazon demeure la première plateforme de référence pour les Français, avec plus de 52 % des consommateurs qui y effectueront leurs achats de Noël. Les enseignes physiques telles qu’E.Leclerc et Cultura continuent d’avoir la faveur des acheteurs en magasin.
La période du Black Friday conserve une place prépondérante : près de 66 % des Français ont profité de ces promotions pour leurs achats de Noël, et jusqu’à 83 % des moins de 35 ans y ont participé.
Plusieurs stratégies ont été mobilisées pour optimiser le budget cadeau. En 2024, près de 50 % des Français envisagent de recourir au cashback, aux cartes-cadeaux et à la seconde main dans leurs achats. À titre d’exemple, un Français sur deux prévoit d'offrir un cadeau reconditionné ou d'occasion, signe d’un glissement durable vers la consommation responsable. Enfin, la flexibilité des paiements s’ancre de plus en plus : 26 % envisagent le paiement fractionné et 11 % n’excluent pas de contracter un crédit pour financer leurs achats.
Malgré cette anticipation organisée, les achats de dernière minute conservent leur place. Un Français sur dix avoue acheter ses cadeaux à la dernière minute, et cela reste particulièrement fréquent chez les moins de 35 ans , souvent par manque d’idées ou de temps, phénomène qui perdure comme un trait structurel du comportement des acheteurs .
Sources : OpinionWay pour Bonial, Fevad-Toluna Harris Interactive, fevad, Ipsos
Quel est le bilan de la carte cadeau à Noël en 2024 ?
Le service carte cadeau pour les particuliers
La carte cadeau fait toujours partie des cadeaux préférés en France à Noël dernier. La e-carte cadeau se démocratise avec une adoption de plus de 16%.
La carte cadeau un usage ancrée sur Noël
En 2024, 39 % des ventes annuelles de cartes cadeaux ont eu lieu à Noël. Une grande partie de ce chiffre s’est concentrée dans les derniers jours, avec 46 % des ventes de décembre réalisées pendant la dernière semaine avec l’achat en grande majorité de la version digitale de la carte cadeau.
Dans le canal direct aux particuliers, l’e-carte cadeau s’impose comme la grande gagnante des fêtes. Facile à personnaliser, instantanément envoyée et compatible mobile, elle est devenue la solution réflexe des achats de dernière minute. Dans certaines enseignes, elle représente désormais près de la moitié des ventes de décembre. À la croisée entre efficacité logistique et urgence émotionnelle, elle coche toutes les cases pour les retardataires, à condition d’être bien mise en avant.
Cette concentration confirme un usage bien ancré, notamment pour les cadeaux de dernière minute.
Mais si le réflexe reste, le panier, lui, évolue : la valeur faciale moyenne d’une carte à Noël est tombée à 68 €, contre 100 € sur le reste de l’année. Ce repli traduit un arbitrage : plus de bénéficiaires pour un budget global maîtrisé. Il devient donc essentiel de ne plus juger la performance uniquement à la valeur faciale, mais d’intégrer la notion de chiffre d’affaires complémentaire généré au moment de l’utilisation.
TOP 3 des secteurs en volume d’affaires :
· High-Tech
· Alimentation, boisson et restauration
· Voyage & Tourisme
Piloter la carte cadeau à Noël par les paiements complémentaires
Et justement, les données sont parlantes. Près de 49 % des cartes cadeaux activées ont donné lieu à un paiement complémentaire, pour un montant moyen de 66 €. Dans certaines verticales, cette surdépense dépasse même les 150 % de la valeur initiale. Les cartes ne sont donc pas seulement dépensées, elles sont le déclencheur d’un achat plus ambitieux. Le bénéficiaire se sert de la carte comme d’un levier pour s’offrir un produit plus qualitatif qu’il n’aurait pas acheté autrement.
Le Black Friday, le premier pic des ventes
Le Black Friday joue également un rôle de catalyseur. Certaines catégories, comme la maison, la cosmétique, le sport ou la puériculture, réalisent jusqu’à 37 % de leurs ventes de cartes cadeaux sur Novembre dès cette période. Ces achats sont le plus souvent offerts à Noël, générant un cycle de consommation post-fêtes qui alimente le chiffre d’affaires de janvier. En 2025, ce phénomène va encore s’accentuer avec un Black Friday étalé sur tout le mois de novembre, et un Cyber Monday qui tombe tardivement, le 1er décembre.
Des campagnes marketing à fort potentiel, sous exploitées
Autre signal fort : la baisse des campagnes marketing activées autour de la carte cadeau. En volume, elles restent minoritaires, mais leur impact est considérable. Les marques qui intègrent la carte dans des mécaniques promotionnelles, comme le luxe ou la maison déco, observent des taux de paiement complémentaire bien supérieurs à la moyenne, avec des montants allant jusqu’à 210 €. Dans ces cas, la carte n’est plus un simple support, mais un outil de montée en gamme. Elle permet d’offrir plus pour un même budget, ou de s’auto-cadeauter avec une sensation de bon plan.
Le service carte cadeau pour les entreprises
Du côté des entreprises, le service carte cadeau direct pour les entreprises reste paradoxalement sous-exploité. À Noël, il représente 24 % des ventes annuelles, avec un pic sur les deux dernières semaines de novembre. Les commandes moyennes tournent autour de 9 000 €, avec des paniers unitaires à 90 € et des volumes en légère baisse. Pourtant, le cadre URSSAF, la fiscalité avantageuse et les besoins récurrents des CSE ou des directions RH devraient en faire un pilier incontournable. Aujourd’hui, peu de marques structurent un tunnel d’achat dédié, une offre lisible ou des relances automatisées. Ce manque de maturité prive le marché de gisements de croissance très accessibles.
La multidiffusion de la carte cadeau à Noël
Enfin, la distribution via les partenaires tiers – principalement les plateformes CSE, les programmes de récompense et de fidélité – concentre à elle seule 42 % des ventes de fin d’année. C’est un canal à très fort levier, mais fragile. Une carte mal mise en avant, mal personnalisée ou mal positionnée peut passer complètement inaperçue. Les visuels trop anciens, les catalogues non actualisés, ou les e-cartes absentes des rayons de dernière minute pénalisent directement les conversions. À l’inverse, les marques qui soignent la fraîcheur de leurs assets, intègrent leurs cartes aux wallets mobiles et pilotent l’activation post-distribution parviennent à maintenir un haut niveau de performance, avec des taux de paiements complémentaires supérieurs à 50 %.
Source : Buybox chiffres 2024
En conclusion, Noël 2024 a confirmé que la carte cadeau n’est plus un produit. C’est une infrastructure à part entière – marketing, émotionnelle et transactionnelle – qui agit à la fois sur l’amont (achat), sur le pendant (conversion), et sur l’aval (panier complémentaire). Les marques qui continueront de la traiter comme un simple “produit d’appoint” perdront du terrain. Celles qui l’activent comme un levier stratégique, avec des mécaniques adaptées à chaque canal, un storytelling visuel, et une logique d’optimisation post-fêtes, tireront pleinement profit du cycle de Noël 2025.